GOOD MOON

La lettre qui vous apprend à vous faire du bien (sans trop vous faire de mal !)

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Par ELODIE GARAMOND
21 nov. · 6 mn à lire
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Le Yoga de la Voix

Et si chanter pouvait changer votre vie ... comme ça a changé la mienne ?!

Je fais plutôt parti des gens qui aiment chanter. On m’a souvent reproché de ne jamais lâcher le micro au karaoké sauf – généreusement – pour les Lacs du Connemara. J’étais donc très enthousiaste à l’idée de tester le Yoga de la Voix (malgré ma petite gêne de la dénomination « marketée » de cette pratique traditionnelle qu’est le chant de mantras, car je ne fais pas partie de cette génération de yogis, profs ou élèves qui cherchent des cours estampillés avec des noms originaux instagrammables … Moi je suis plutôt vieille école : hatha, vinyasa, yin yoga. Je trouve qu’en soi la promesse est suffisante.) J’ouvre mes chakras.

Une prof israélienne aux sublimes cheveux bouclés me propose de tester sa pratique du Yoga de la Voix, elle s’appelle I. ; au premier abord, elle a une voix normale, voire banale. Petit cercle d’élèves sympa, ambiance bobo altermondialiste comme j’aime. Il n’y a pas besoin de savoir chanter pour ânonner des mantras (dixit I.), et il semble ne pas y avoir non plus de morphotype pour le yoga de la voix. Nous sommes invités à poser un sankalpa, une prière intentionnelle que l’on s’adresse à soi-même, une phrase courte, simple, affirmative, qui va guider notre mental dans une certaine direction pendant la séance. C’est l’intention qui compte, l’intention de se relier à quelque chose de plus grand que soi ; c’est l’intention qui ouvre le cœur et le chemin vers la voix.  La vibration du mantra s’amplifiera de la force de cette intention nous précise notre guide.

Je précise, au sujet des sankalpas, que je vis avec ces béquilles de vie depuis des années, elles sont TOUJOURS de très précieux alliés créant chaque jour une pensée inconsciente qui guident mes actions vers la réalisation de cette intention. Pourquoi ? Parce que les neurosciences ont prouvé que les pensées inconscientes sont 30.000 fois plus puissantes que les pensées conscientes ! (si vous doutez, essayez quand même , au mieux ça marche et au pire ça ne servira juste à rien 😊). Si le sujet vous intéresse je l’approfondirai dans un prochain article pour vous expliquer comment une pensée crée une réalité.

Revenons à mon expérience dans ce cercle de chant. Le Yoga du Son (Naada Yoga) – qui englobe le yoga de la voix – est une technologie ancienne et sacrée, qui repose sur le pouvoir vibratoire des mantras chantés ou récités et des instruments. Dans les paroles d’un chant populaire en bengali, il est dit que : « Chanter les Noms du Divin est si doux qu’Il rend la voix pareille au miel ». Nul besoin de savoir chanter donc : c’est le chant du mantra lui-même qui ouvre la Voie et… la Voix ! Ces vocalisent agissent sur la biochimie du cerveau, réharmonisant les fréquences des ondes cérébrales avec celles, naturelles, de l’Univers.

D’où vient le son ? Nada en sanskrit (parfois écrit Naâda) signifie le « Son primordial ». Chez les hindous et les bouddhistes, le son est le principe structurant du chaos dorigine, et le premier son dit originel est le mantra Om ou Aum. Lunivers a donc un son, qu’on appelle le svara ou souffle cosmique. Dès lors lusage du son dans certaines pratiques du yoga et laction vibratoire du Om, bien connu des pratiquants, trouve un fondement justificatif à la fois historique et scientifique. Il importe de comprendre que les sons utilisés en yoga ont pour objectif de ramener les pratiquants à un son fondamental : celui qui résonne en chacun deux, le nada, le son du silence, qui permet de se connecter à lAbsolu. Littéralement, nada est à la fois le son entendu comme « bruit », et le son, intérieur ou extérieur, entendu comme contact avec le divin. Certains sons, certains bruits pourraient ainsi, plus que dautres, les conduire à cette écoute attentive de ce son intérieur qui habite chacun, de ce son divin.

Plus je me sens en confiance dans cette assemblée, plus j’élève mon timbre de voix sans me préoccuper de l’esthétique sonore de ce que je produis – d’ailleurs je ne connais absolument pas les paroles des mantras que je chante (sans même songer à les comprendre…), mais ça m’est égal, ça sort tout seul ! Et plus je chante plus je me sens joyeuse et en osmose avec le groupe – oserais-je dire que j’éprouve à leur égard une tendresse inattendue ?! Il y a une incroyable harmonie entre nous qui nous unit de manière invisible mais palpable. Tout le monde sourit ! I. nous explique que le chant ouvre le cœur et clarifie le mental, créant une joie très particulière et propre à la voix qui vibre de la gorge vers l’ensemble des cellules du corps. Comme si le son produisait un massage vibratoire euphorisant à l’intérieur de nous – et là on comprend mieux les visages béats des Choristes :-) La fin de la séance nous plonge dans une méditation profonde, les chants ayant ouvert une porte d’entrée vers un état de calme intérieur beaucoup plus accessible que d’habitude. I. nous partage son émerveillement continu devant l’infini potentiel de guérison du son, du travail vocal et du chant mantrique. Elle sait qu’elle a conquis à l’instant de nouveaux adeptes.

Savez-vous que depuis des millénaires, l’élite spirituelle que constitue la caste des brahmanes en Inde – et dans toutes les cultures orientales – a développé une connaissance de la puissance du son et de son impact sur notre système neurologique ? Leur conviction était que le son pouvait ouvrir notre Être tout entier à des dimensions plus élevées de notre Conscience. Les bijas ou les mantras sont des séquences de sons ou chants qui ont ainsi été développées au fil du temps pour associer des fréquences énergétiques au prana, le souffle, permettant datteindre des sensations d’élévation proches dune dimension perçue par certains comme Sacrée. Car à linstar des lieux de culte dans lesquels étaient - et sont toujours - entonnés les chants des prières, notre propre corps est un espace de résonance du nada, de notre son intérieur dans sa dimension la plus spirituelle. Sans avoir besoin de croire à cette dimension sacrale, chacun de vous a certainement dû / pu expérimenter dans sa vie à quel point le son absorbe notre mental, nous débarrassant de nos pensées parasites pour nous permettre de dépasser un état de conscience primaire (que celui ou celle qui n’a pas pleuré ou retrouvé le sourire en écoutant une chanson lève la main !). Cest la raison pour laquelle la question du souffle, celui qui habite le son, est si constitutive du yoga, car ses vibrations ont un effet résonateur et énergétique qui traversent notre corps, rendu réceptif et « ouvert » par la pratique des postures.

La voix, lorsqu’elle est claire et alignée, pénètre instantanément le corps sensible (d'où les larmes ...) et permet au cerveau de pénétrer quasi instantanément dans les ondes alpha et thêta, qui correspondent soit à un état de demi-sommeil, soit à un état de créativité ou d’imagerie mentale accrues, soit encore à un état méditatif profond. Ainsi les chants harmoniques des traditions chamaniques qu’on appelle chants diphoniques en occident ont la vertu de masser nos entrailles. Une technique de chant que d’aucuns comparent au son très apaisant des vents solaires et rappelle qu’au-delà de la lumière et de la chaleur qu’il produit, sa mélodie vient « ensemencer » notre atmosphère terrestre. Toutes les techniques de diffusions du son, par les instruments ou par les voix, stimulent des ondes cérébrales spécifiques, déclenchées par l’intensité vibratoire des différents outils, qui permettent « rationnellement » au corps de se relâcher en profondeur et d’activer ses propres capacités d’auto-guérison. Les organes, les tissus, les cellules et les systèmes nerveux, circulatoire, endocrinien et métabolique sont nourris et régénérés en profondeur. Les vibrations peuvent traiter des blocages énergétiques, harmoniser les différents systèmes du corps et touchent l’être à tous les niveaux pour une intégration à la fois physique, mentale, émotionnelle et spirituelle. Chacun reçoit ce qu’il doit ou peut recevoir dans l’instant présent, chaque expérience est une navigation à travers soi unique et passionnante.

Mon expérience du Yoga de la Voix me permet de vous confirmer que oui, on accède d’une certaine manière à « lautre côté du miroir », à cet état de conscience qui permet de se détacher de son corps physique et de son incessant dialogue intérieur. Et quand la petite voix s’éteint pour laisser place à la grande voix, celle qui vibre, les deux principales émotions qui se manifestent sont la joie et la paix, et ça fait du bien ! 

Si ce sujet vous intéresse, je vous recommande vivement de lire Tout est vibration de François Marie Dru qui explore avec richesse et intelligence ce sujet … parfois difficile à appréhender pour les cartésiens.